Sigma France m'a fait l'honneur de me confier un Sigma DP2 Merrill pendant trois semaines. Un compact haut de gamme à capteur APS-C avec une focale fixe de 45 mm f/2,8 (équivalent 24x36). Un appareil photo qui va droit à l'essentiel pour les photographes passionnés...
Alors ce DP2 Merrill, il a quoi de particulier ?
Sigma a été à ma connaissance le premier constructeur a intégrer un capteur APS-C dans un compact à une époque où c'était le fantasme de tout photographe. Imaginez un capteur de réflex dans un compact : la qualité d'image, la discrétion et la légèreté... un rêve depuis réalisé par de nombreux constructeurs comme Sony, Canon, Fuji et bien d'autres.
Je n'ai pas connu la première gamme des compacts experts DP, avec la nouvelle gamme Merrill, Sigma entend réaliser une mise à jour majeure de ses compacts à capteurs APS-C à focale fixe. Résultat un capteur plus défini, une meilleure réactivité et une ergonomie à priori revu.
Je parle de gamme Merrill car en fait le DP se décline en 3 versions. Sigma a fait le choix de ne pas faire de boîtier avec objectifs interchangeables. Il s'agit donc ici de compacts avec focales fixes intégrées. On trouve donc :
- Le Sigma DP1 Merrill : 28 mm f/2,8 (équivalent 24x36)
- Le Sigma DP2 Merrill : 45 mm f/2,8 (équivalent 24x36)
- Le Sigma DP3 Merrill : 75 mm f/2,8 (équivalent 24x36)
Trois appareils pour trois utilisations. Le DP1 plus pour le reportage et le paysage, le DP2 avec sa focale standard qui se rapproche d'un 50 mm on va dire qu'on peut faire un peu de tout ! Et le DP3 avec sa longue focale sera plus à l'aise avec du portrait.
A vous de faire le bon choix au moment de l'achat. Personnellement j'ai choisi le DP2 avec son 30 mm (équivalent 45 mm en 24x36) car étant adepte de paysage je trouve que le DP1 n'est pas assez grand angle pour mon utilisation. A la rigueur j'aurais bien aimé tester le DP3 car j'adore photographier avec de longues focales, mais malheureusement le DP3 n'était pas disponible pour le test. Et finalement le DP2 reste à mes yeux le plus polyvalent, avec un 45 mm on peut faire pas mal de choses, peut être plus qu'avec un grand angle et une longue focale.
Ce qui fait surtout la force de la gamme Merrill c'est le capteur APS-C Foveon X3 Merrill de 46 Mpx (plutôt 15 Mpx dans la réalité) et par l'absence de filtre passe-bas. J'y reviendrais dans la partie qualité de l'image...
La fabrication et l'ergonomie
Avant d'attaquer la partie sur la qualité d'image, faisons le point sur la fabrication de ce DP2 Merrill, car c'est dès le déballage que vous allez pouvoir apprécier ce compact haut de gamme.
Avec ses 122 mm x 67 mm x 59 mm et ses 330 g le DP2 Merrill n'est pas vraiment un boîtier compact, il ne rentre pas dans une poche de jean ça c'est certain ! Néanmoins on est quand même loin d'un Nikon D700 avec grip et un objectif, ici la légèreté reste très appréciable.
Le DP2M est construit en alliage de magnésium et sa finition est vraiment parfaite. Certes cet appareil photo ressemble un peu à une brique sur laquelle on a fixé un objectif mais la qualité est là, c'est indéniable. Je ressens la même confiance que j'ai avec mon D700, pour dire. Je regrette néanmoins l'absence d'une poignée ou d'un revêtement caoutchouté histoire d'avoir une meilleur prise en main, Sigma a juste ajouté quelques petits "picots" qui sont plus esthétiques que pratiques.
Le DP2M possède une griffe flash pour y mettre un flash SIGMA EF-140 DG ou autre flash cobra Sigma comme le EF-610 DG super. Pas de flash intégré donc, qui peut être utile pour déboucher un contre-jour ou éclairer une scène peu lumineuse, pour ma part cela me dérange pas car je n'ai jamais utilisé de flash intégré, je n'aime pas du tout le rendu. En général les boîtiers haut de gamme n'ont pas de flash intégré, comme le Nikon D4 par exemple.
Par contre rien n'empêche d'utiliser des flashs en déporté grâce au système Cactus ou autres triggers, le DP2M est donc ouvert à la technique du strobist.
On peut par contre mettre sur cette griffe flash un viseur externe dédié,le VF-21. Ca peut être une option intéressante car le DP2M est dépourvu de viseur optique.
Petit détail pas très pratique, la carte SD se trouve au même endroit que la batterie, c'est à dire sur la semelle du DP2M. Quand le boîtier est sur trépied et qu'on doit changer de carte mémoire on doit donc retirer le DP2M du trépied. Quand au port USB pour transférer ses images il se cantonne à de l'USB2. Pour moi cela m'importe peu car je préfère utiliser un lecteur de cartes mémoire, question d'habitude.
Le DP2M possède un écran d'une résolution de 920 000 points (comme mon D700). Une bonne définition donc par rapport à la première gamme des DP qui affichait seulement 230 000 points. Le rendu de l'écran me semble assez correct mais j'ai parfois eu l'impression que l'image à l'écran était comme compressée (avec des artefacts) pour les images très détaillées. Le bon point est qu'il reste lisible en plein soleil.
A noter que cet écran n'est pas inclinable, ce que je trouve dommage étant donné que le DP2M ne possède pas de viseur. Et contrairement à la mode actuelle cet écran n'est pas tactile, je dirais que c'est plutôt une bonne chose.
Un seul mot d'ordre pour l'ergonomie : l'essentiel
Le DP2M ne fait pas dans le détail, on a ici clairement affaire à un outil pensé pour les photographes. Pas de mode scènes, pas de gadgets inutiles... même pas de mode automatique !
Sur le dessus, un bouton Power, le bouton de sélection des modes (A, S, P, M), une molette métallique, une griffe flash et bien sûr le déclencheur. A l'arrière très peu de boutons et une touche "QS" assez astucieuse qui permet d'accéder rapidement aux réglages de base comme la sensibilité et la balance des blancs. La croix directionnelle permet elle de choisir entre autres le collimateur autofocus, le retardateur, la qualité d'image (RAW - JPG)... Il m'a fallu à peine 5 minutes pour prendre mes marques sur ce DP2M, pour moi l'ergonomie est vraiment pas mal du tout. Il est facile de changer l'ouverture, de corriger l'expo, de choisir son collimateur et de choisir la sensibilité... l'essentiel pour tout photographe quoi.
Le DP2 Merrill vue de dessus
La qualité d'image
Beaucoup de choses à dire sur la qualité de l'image. Le Sigma DP2M porte le nom de "Merrill" qui est tout simplement le concepteur du capteur Foveon.
Le Foveon X3 est un capteur assez révolutionnaire décomposé en 3 couches de 15 millions de pixels chacune, ce qui fait un total de 45 millions de pixels réels, mais la taille de l'image sera de 15 Mpx (la taille d'une couche). Ce capteur permet la capture des trois couleurs rouge, vert et bleu alors qu'un capteur classique "matrice de bayer" restitue les trois couleurs sur une même couche, il s'agit ici d'interpolation de couleur alors que chez Foveon le capteur capte réellement les couleurs.

Quels sont les avantages du Foveon X3 par rapport à un capteur dit classique ? Un rendu presque argentique car rappelons le, les films argentique couleur utilisaient 3 couches de couleur, cela améliore aussi le rendu des couleurs en diminuant les artéfacts colorés.
Le net avantage de cette technologie est que le phénomène de moiré est ici impossible, on peut donc se passer de filtre passe bas et ainsi avoir un rendu de détails impressionnant. Comme je l'ai pu le constater lors de mon test et sans pouvoir l'expliquer, on a l'impression de rentrer dans l'image, une sensation de 3D presque.
Exemple d'une photo prise sur trépied en mode priorité ouverture :

f/11 - 6 s - 100 iso - WB auto (cliquez pour voir en plus grand)
Cette photo est brute, aucune correction d'exposition n'a été effectuée lors de la prise de vue. C'est rare mais je n'avais aucune raison de retoucher cette image car techniquement elle est parfaite, aussi bien dans le rendu des couleurs, du rendu des détails que de la profondeur qui en dégage. J'avoue que j'ai pris une petite claque !
Autre exemple pour montrer le niveau de piqué dû à l'absence de filtre passe-bas mais également aussi de l'objectif qui est d'une qualité exceptionnelle :

f/4 - 1/500s - 100 iso (cliquez pour voir plus grand)
Et le crop 100% (cliquable)
Là encore aucune retouche de ma part, j'ai juste laissé le logiciel Sigma Pro Photo développer lui même le fichier RAW (X3F).
Une autre image prise à f/9 avec un sujet très lointain, dans ce genre de cas le moindre décalage de focus ne pardonne pas :

f/9 - 1/320s - 100 iso
Et le crop 100% (cliquable) :

Sur cette autre image prise cette fois ci à pleine ouverture (f/2,8) l'homogénéité de la scène est impeccable, pas de zones sous-ex ni sur-ex, pourtant c'était un cas piégeur. Quand à l'objectif c'est encore parfait, les coins ne sont pas mous, ça pique de partout.
f/2,8 - 1/2500s - 100 iso (cliquez pour voir plus grand)
Et le crop 100% (cliquable) :
Oui oui on est bien ici à pleine ouverture !
Une autre image prise à 100 iso à f/5 et au 1/10s (sur trépied) :
La richesse des détails et le rendu sont juste excellents. Et ici il s'agit d'une photo brute, le DP2M m'a sorti directement cette image !
J'ai aussi testé ce DP2M lors d'un shooting un peu mode. Ici un flash autonome de studio (600W) monté sur un bol beauté en éclairage principal et 2 flashs cobra Nikon avec filtres gélatine de couleur, le tout piloté par des Cactus V4.
Mode manuel - 1/100s - f/2,8 - 100 iso - WB auto - Photo sans retouche
Mode manuel - 1/60s - f/4,5 - 100 iso - WB auto - Photo sans retouche
A noter que j'ai pour ce test shooté exclusivement en RAW, j'ai oublié le format JPG. Déjà parce que mes habitudes font que je n'utilise jamais le JPG et aussi parce que vous exploiterez au mieux les capacités du DP2M avec le format RAW.

Avec le format RAW (et uniquement en RAW) on peut accéder au mode "monochrome" dans le logiciel Sigma Pro Photo. Du noir et blanc vous me direz que tous les logiciels sont capables de le faire, mais ici le mode Monochrome a une petite particularité assez alléchante. Sur l'ancienne gamme de DP le mode noir et blanc était accessible sur le boîtier directement, en fait il s'agissait tout simplement d'une désaturation de l'image.
Avec la gamme Merrill et la dernière version de Sigma Pro Photo, Sigma exploite une particularité du capteur Foveon X3 qui ne dispose pas de filtre coloré. On se retrouve donc avec une vraie image noir et blanc avec différentes tonalités de gris parfaitement reproduites. Un peu comme le dernier Leica M Monochrom qui utilise la même technologie sauf que chez Sigma on peut faire de la couleur... et du vrai noir et blanc ! Et le tarif n'est pas le même comme vous pouvez vous en douter. Attention je ne critique pas le Leica Monochrome qui doit avoir de formidables capacités et ce "M" est en plus un boîtier à objectifs interchangeables. Mais dans les faits la technologie pour sortir du noir et blanc de ces deux boîtiers se rapproche énormément. L'esprit Leica avec un budget moins conséquent...
le DP2M concurrent direct du Leica M Monochrom ?
Dans mes habitudes de travail je traite mes noir et blanc sous Photoshop avec des retouches par zones. Ici avec le mode "Monochrome" du logiciel Sigma on arrive a des résultats vraiment beaux avec une énorme facilité.
On a vraiment des noir et blanc directement exploitables, mais rien ne vous empêche ensuite de repasser par la case Photoshop pour affiner vos retouches par zone. J'aurais d'ailleurs aimé sur le logiciel Sigma Pro Photo avoir la possibilité de travailler par zone comme Nikon Capture NX2 ou Lightroom, mais rappelons que Sigma Pro Photo est un logiciel gratuit.
Pour rester dans la qualité d'image je vais parler rapidement de la dynamique du capteur. C'est ici pour moi important car une dynamique élevée permet d'avoir des images équilibrées dans les hautes et basses lumières. Je ne peux confirmer par des graphiques et autres mesures mais globalement j'ai trouvé que le DP2M se débrouille bien dans la dynamique, tout du moins en RAW, je n'ai pas testé le JPG.
Exemple dans cette situation avec des zones sombres et des zones très éclairées :
Le plafond par exemple ici n'est pas bouché.
Autre exemple avec encore une scène pas évidente au niveau des contrastes importants de lumière :
La dynamique est bonne mais également l'exposition générale des images. Grâce à un système de mesure complet (évaluative, pondérée central et spot) et une correction d'exposition facile d'accès on arrive très facilement au résultat désiré.
Comme sur cette image où toute la cave est dans le noir et où juste l'entrée est éclairée par le soleil. J'ai effectué une mesure spot sur le sol et voici le résultat :
La dynamique du capteur Foveon a fait le reste...
Passons à la sensibilité. Pour ce test j'ai choisi un endroit pas lumineux et éclairé artificiellement : un flipper ! Des conditions qui imposent soit de travailler au trépied ou si à main levé en poussant les iso.
Voici donc la photo originale prise sur trépied
(f/4,5 - format X3F développé sous Sigma Pro Photo) :
100 iso

200 iso

400 iso

800 iso

1600 iso

3200 iso

6400 iso
La gestion des hautes sensibilités est pour moi le point négatif du DP2 Merrill, on peut aisément aller jusqu'à 800 iso, au delà le bruit se fait beaucoup moins discret et on peut observer des dérives chromatiques. Sigma Pro Photo tente se sauver la mise en ajoutant un flou (lissage) qui noie le bruit mais aussi les détails. Si Sigma veut faire évoluer sa gamme d'appareils photo c'est surtout sur la sensibilité qu'ils devront travailler car en l'état actuel des choses le DP2M reste avant tout un appareil spécialisé dans les prises de vue du style packshot, studio et tout ce qui se fait au trépied comme la photo d'architecture. Exemple pour un mariage dans une église où on doit souvent se placer à un minimum de 1600 iso il est clair que ce Sigma ne sera pas à l'aise.
l'objectif du DP2 Merrill
L'objectif vissé au DP2M est un 30 mm f/2,8 qui est un équivalent 45 mm en 24x36. Une focale standard proche du 50 mm. Cet objectif conçu spécialement pour le DP2M confirme que Sigma excelle dans le domaine de l'optique. J'ai toujours travaillé avec des objectif Sigma avec mes reflex Nikon, souvent ils sont uniques comme le 120-300 f/2,8, ultra piqués pour la gamme macro, très grand angle comme le récent 8-16 mm pour APS-C. Bref Sigma a toujours innové dans l'optique et arrive même à surpasser Canon et Nikon comme par exemple avec le dernier 35 mm f/1,4 ART deux fois moins cher que les grandes marques.
Tout ça pour dire que ce 30 mm f/2,8 spécifique au DP2M est juste une tuerie (!). je n'ai observé aucun défaut... pas de distorsion, pas d'AC, un piqué excellent dès la pleine ouverture, un bokeh (flou d'arrière plan) magnifique, une distance de mise au point de 28 cm qui permet de faire de la proxi-macro.
Quelques photos pour illustrer :
Pas d'aberrations chromatiques en vue.
Je n'ai pas observé de distorsion dans le peu de photos d'intérieurs que j'ai pu prendre. La distorsion me parait maîtrisée :
Un piqué parfait dès f/2,8 :
Le crop :
Un bokeh très doux :
Grâce à sa distance de mise au point de 28 cm il est possible avec le DP2M de photographier des sujets d'assez près. Ici on ne parle pas de macro car pas de rapport 1/1 mais on peut parler de proxi-macro.
Exemple sur deux images :
Le 30 mm f/2,8 Sigma ferme à f/16 au maximum, ce qui m'a permis de faire une pose longue en pleine journée. Ca aurait été beaucoup plus flagrant avec un filtre ND mais malheureusement je n'en possède pas au diamètre de l'objectif.
f/16 - 1/10s - 100 iso
Et un crop de cette image :
Ce 30 mm f/2,8 Sigma n'a pour moi que des qualités, enfin je parle de mon ressenti sur le terrain. Des labos trouveront sûrement des failles dans les coins ou je ne sais quel défaut optique, mais je dirais que cet objectif n'a qu'un seul défaut, son ouverture de f/2,8... Je l'aurais bien vu avec une ouverture de f/2 pour avoir une profondeur de champs encore plus courte et pour compenser un peu les faibles performances du DP2M dans les hautes sensibilités.
Réactivité et autonomie
Quand on est habitué à photographier avec des reflex, surtout avec un Nikon D700 pas réputé lent, on voit la photographie différemment avec ce DP2 Merrill. N'oublions pas que c'est avant tout un compact, certes haut de gamme mais un compact quand même.
Alors la réactivité ? Le démarrage est assez rapide, le DP2M est opérationnel assez rapidement. l'autofocus par détection de contraste se défend pas trop mal, il n'a pas la rapidité d'un Nikon 1 ou d'un Olympus Om-D mais il fait son travail et est assez précis.
La mise au point automatique se fait sur 9 collimateurs qu'on sélectionne via une touche à l'arrière du DP2M.
En cas de difficulté il est facile de passer en mode manuel avec d'ailleurs un effet de zoom assez pratique pour ajuster finement sa mise au point. La mise au point manuelle s'effectue directement sur l'objectif.
Exemple en image : à cause des herbes devant cette fleur, l'AF n'arrivait pas à faire la MAP dessus. je suis donc passé en manuel et avec la loupe j'ai pu faire une mise au point très précise sur cette fleur.
Le déclenchement se fait soit vue par vue, en continu, avec retardateur ( 2 sec ou 10 sec) ou en rafale (7 images par seconde).
Le Sigma DP2 Merrill intègre deux processeurs TRUE II pour le traitement des images, l’intégration de ces deux processeurs optimise la vitesse et la qualité du traitement de chaque image. A priori une grosse évolution niveau vitesse par rapport à la gamme précédentes des Sigma DP.
Pour ce test j'avais une carte Sandisk Extreme 8 Go de 30 MB/s et je pense qu'elle était limite pour traiter les fichier RAW du DP2M qui dépassent tout de même les 50 Mo. A cause de ceci je devais bien attendre environ 5 secondes pour visionner une photo ! Par contre pas de soucis entre chaque prise de vue, c'était juste lent pour visionner les images. Pour le DP2M je conseillerais donc une Sandisk Extrême pro de 95 MB/s histoire d'arranger les choses car cette lenteur peut parfois agacer !
En réactivité on est donc assez loin d'un reflex. J'ai eu presque l'impression de shooter comme au temps de l'argentique, avant de déclencher je prenais vraiment mon temps. Bizarrement j'ai apprécié, cela permet de vraiment se concentrer sur l'image.
Pour moi ce DP2M est vraiment une machine à créer de belles images, mais des images posées avec des sujets fixes ou pas trop rapides. Le reportage comme la photographie de mariage n'est pas trop son terrain de prédilection à mon avis.
En l'autonomie ? Sujet sensible qu'est l'autonomie sur le DP2M, car avouons le elle n'est pas terrible. Du fait de manque de viseur optique on fait tout avec l'écran arrière et l'autonomie s'en ressent fortement. Comptez environ une centaine de photos avec une batterie. Sigma en est conscient car le DP2M est livré avec deux batteries. Un point à améliorer donc.
Conclusion
Sigma a toujours su innover par rapport à une concurrence qui a tendance à ne pas prendre de risque, on peut le voir avec leur gamme optique et on peut le voir aussi avec la gamme des DP Merrill. Ces boîtiers uniques en leur genre grâce au capteur Foveon X3 ont d'énormes qualités mais aussi des défauts agaçants. Finalement ce DP2M m'aurait fait découvrir le reflex Made in Sigma, le SD1 Merrill qui a dans ses entrailles le même capteur Foveon X3. Avec un viseur de reflex, une réactivité bien meilleure et la possibilité bien évidemment de changer d'objectif, Sigma a ici la possibilité de se démarquer de la concurrence. Mais pour vraiment concurrencer un Nikon D800 ou un 5DIII il faudrait que le capteur Foveon X3 fasse des progrès dans les hautes sensibilités et pourquoi pas un jour passer au 24x36...
Pour revenir au DP2 Merrill je dois avouer que le rendre à Sigma a été difficile, je trouve qu'il complétait assez bien mon D700 pour certaines photos et j'ai apprécié également prendre des photos en extérieur sans prendre des tonnes de matériel. Si j'en avais les moyens je pense qu'il aurait déjà sa place dans mon fourre-tout comme on dit !
Les moins du Sigma DP2 Merrill :
- Montée en iso : évitez d'aller au delà de 800 iso
- L'autonomie (le DP2M est livré avec 2 batteries)
- Lenteur au visionnage des photos sur l'écran arrière (peut être du à ma carte SD pas assez rapide)
- Ecran arrière non orientable
- Viseur optique en option
- Prix relativement élevé (950 euros)
- Une ouverture de f/2 aurait été appréciable
- Pas de flash intégré (mais griffe flash pour y mettre du cobra)
- JPG à oublier pour tirer le meilleur du DP2M
- Mode vidéo en VGA 640x480 (!) mais le DP2M est un appareil photo avant tout
- Sigma Pro Photo gratuit mais un peu lent pour traiter les lourds fichiers du DP2M (sur macbook pro C2D 2,66 Ghz, 8 Go de ram et SSD 250 Go)
Les plus du Sigma DP2 Merrill :
- Un capteur de réflex dans un compact
- Capteur Foveon X3 de 46 millions de pixels (fichiers de 15 Mpx)
- Qualité d'image superlative dans les basses sensibilités
- Niveau de détails impressionnant grâce à l'absence de filtre passe-bas
- Vrai noir et blanc délivré par le capteur Foveon et optimisé via Sigma Pro Photo
- Justesse de l'exposition
- Système de mesure complet : évaluative, pondérée central et spot
- Bonne dynamique en RAW (X3F)
- Qualité du 30 mm f/2,8 Sigma
- Fabrication en alliage de magnésium
- Design très basique mais discrétion absolue
- Ergonomie simple et efficace : pas de modes scènes et autres gadgets
- Mise au point manuelle précise grâce au zoom de la scène
Retrouvez les caractéristiques complètes du Sigma DP2 Merrill sur le site de Sigma
Sigma DP2 Merrill
Je remercie Les Calvados Roger Groult de m'avoir ouvert les portes de leur caves afin que je puisse tester le DP2 Merrill :
Calvados Groult
Je remercie également le magasin Camara Lisieux qui m'a permis de simplifier les échanges avec Sigma pour l'envoi et le retour du matériel.